Groupe d'utilisateurs de Logiciels Libres de Toulouse
Promouvoir, développer et démocratiser les Logiciels Libres en Midi-Pyrénées

Retranscription de la conférence de Richard Stallman du jeudi 14 juin 2007 à Toulouse

<html><a href=“./pub/2007-06-15-stallman/affiche-utopia.jpg”><img src=“./pub/2007-06-15-stallman/affiche-utopia-mini.jpg” style=“float: right; margin: 10px; border: 2px solid black; height: 200px;” alt=“Affiche Richard Stallman”/></a></html> Le jeudi 14 juin 2007, l'association Toulibre organisait une conférence donnée par Richard Stallman, créateur du projet GNU et de la Free Software Foundation. Cet évènement était organisé en coopération avec l'association APRIL, les cinémas Utopia et la société Communication et Systèmes.

Cette page est une retranscription écrite de la conférence, réalisée à partir d'un enregistrement audio. La retranscription est un travail collaboratif réalisé par Florian Longueteau, Anne-Marie Mahfouf, Christian, Eric Noulard, Rémy Sanchez, Patrice Pillot et Michel Renon.

Les quatre libertés fondamentales

Je peux expliquer le logiciel libre en trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité. Des choses que l'actuel président de la France n'apprécie pas [applaudissements].

Liberté, car l'utilisateur est libre de faire ce dont il a besoin [hésitation] et toutes les choses légitimes avec le programme. Egalité, parce que tous les utilisateurs disposent des mêmes libertés. Et fraternité, parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs. [euh, hum] Les programmes… [problèmes de micro, Richard siffle et fait des bruits de bouches]. Est-ce que ça va sans micro ? [la salle ronchonne] Il paraît que pas pour tout le monde [bruits de bouche dans le micro, le micro revient]. <html><a href=“./pub/2007-06-15-stallman/photos/guillaume-paumier/img0.jpg”><img src=“./pub/2007-06-15-stallman/photos/guillaume-paumier/img0.jpg” style=“float: right; margin: 10px; border: 2px solid black; height: 200px;” alt=“Richard Stallman”/></a></html>

Ah maintenant ! Donc, un programme qui n'est pas libre est un programme privateur, c'est-à-dire qu'il prive les utilisateurs de leurs libertés. Un programme privateur maintient ses utilisateurs dans un état de division et d'impuissance. Division parce qu'il est interdit à chacun de le partager avec les autres, et impuissance parce que les utilisateurs n'ont pas le code source et ne peuvent rien changer dans le programme et ne peuvent pas même vérifier indépendamment ce que fait le programme.

Mais un programme libre respecte la liberté de l'utilisateur. Qu'est ce que ça veut dire ? Il y a 4 libertés essentielles que tout utilisateur de programme doit avoir :

  • la liberté 0, c'est la liberté de faire tourner le programme comme tu veux,
  • la liberté 1, c'est la liberté d'étudier le code source du programme et de le changer pour que le programme fasse ce que tu veux
  • la liberté numéro 2, c'est la liberté d'aider le voisin. C'est la liberté de distribuer des copies exactes du programme aux autres, jusqu'à la publication, quand tu veux.
  • la liberté numéro 3, c'est la liberté de contribuer à ta communauté. C'est la liberté de distribuer des copies de tes versions modifiées, jusqu'à la publication, quand tu veux.

Ces 4 libertés forment la définition du logiciel libre.

Un programme est libre si l'utilisateur dispose de ces 4 libertés. C'est à dire que le système social de la distribution et de l'utilisation de ce programme est un système éthique. Mais si une de ces libertés est absente, le programme est privateur, c'est à dire que le système social de sa distribution et de son utilisation n'est pas éthique, et ce programme est un problème social. Le développement de programmes privateurs n'est pas une contribution à la société. C'est une attaque contre la société.

Mais pourquoi ces 4 libertés sont essentielles ? Pourquoi définir le logiciel libre comme ça ? La liberté numéro 2, la liberté d'aider le voisin, la liberté de distribuer des copies exactes du programme quand tu veux est essentielle pour des raisons fondamentales éthiques, pour pouvoir vivre une vie éthique comme un bon membre d'une communauté. Si tu utilises un programme sans la liberté numéro 2 tu es en danger de tomber à n'importe quel moment dans un dilemne moral, quand ton ami te demande une copie du programme. A ce moment, tu devras choisir entre deux maux. Un mal c'est de lui donner une copie et de rompre la licence du programme. L'autre mal est de lui refuser une copie et respecter les termes de la licence du programme. Étant dans le dilemne, tu devrais choisir le moindre mal, c'est-à-dire lui donner une copie et rompre la licence du programme. Pourquoi ce mal est le moindre mal ? Parce que quand tu ne peux pas éviter de faire du mal à quelqu'un, autant que ce soit à quelqu'un qui le mérite [rires et applaudissements]. Nous pouvons supposer que ton ami est bon ami, un bon membre de ta communauté, et mérite ta coopération. Tandis que le développeur d'un programme privateur aura attaqué délibérément la solidarité sociale de ta communauté. Donc si… si tu dois… si tu ne peux pas éviter de faire du mal à quelqu'un, autant que ce soit à lui, le développeur. Mais être le moindre mal ne veut pas dire que ce soit bon. Il n'est jamais bon de faire une promesse et de la rompre. Bien qu'il y a des promesses malveillantes qui sont pires de suivre que de rompre. Est-ce que c'est correct ? [la salle répond que oui] Donc euh… euh… ceci est un exemple de ce cas. Faire une promesse de ne pas aider son voisin est immoral en soi, rompre cette promesse est moins mal que suivre la promesse. Mais néanmoins, ce n'est pas bon ! Et si tu veux lui donner une copie, si tu lui donnes une copie, qu'est ce qu'il aura ? Il aura une copie pas autorisée d'un programme privateur. C'est presque aussi mauvais qu'une copie autorisée [rires].

Donc, si tu as bien compris ce dilemne, qu'est ce que tu dois faire ? Ce que tu dois faire est éviter d'être dans le dilemne. Mais comment ? Il y a deux manières :

  • une manière est ne pas avoir des amis [rires]. C'est la manière proposée par le développeur de logiciel privateur.
  • l'autre manière est de ne pas utiliser de logiciels privateurs. Et c'est la manière que j'ai choisie. Si quelqu'un m'offre un programme sous la condition de ne pas le partager avec vous, je le refuse. Je dis que ma conscience n'accepte pas une telle condition. Et je ne l'utilise pas.

Donc c'est la raison pour la liberté numéro 2, la liberté d'aider le voisin, c'est à dire la liberté de pratiquer la fraternité.

Mais la liberté numéro 0 a d'autres raisons. Son but est d'avoir le contrôle de ta propre computation [exécution ?]. Hum. Il y a des programmes privateurs qui restreignent… hum… y comris… hum… l'utilisation d'une copie autorisée. Evidemment, ce n'est pas avoir le contrôle de ta propre computation. Ils restreignent dans quel ordinateur cette copie peut s'utiliser, ou par qui, ou pour quoi. Et donc ce n'est pas acceptable. La liberté 0 est essentielle. Mais, elle ne suffit pas parce que ce n'est que la liberté de faire ou ne pas faire ce que le développeur aura déjà décidé de développer dans le programme.

Fonctionnalités malveillantes, menottes numériques

Pour vraiment avoir le contrôle de ton propre computation, il faut aussi la liberté numéro 1 : la liberté d'étudier le code source et de le changer, pour que le programme fasse ce que tu veux. Comme ça, tu décides ! Et pas lui le développeur. Si tu utilises un programme sans la liberté numéro 1, tu peux pas être sûr de ce qu'il fait ! Et beaucoup de programmes privateurs contiennent des fonctionnalités malveillantes conçues pour… euh… par pour servir l'utilisateur mais plutôt pour surveiller l'utilisateur, restreindre l'utilisateur ou même pour attaquer l'utilisateur. Beaucoup de programmes privateurs font de la surveillance. Un programme privateur qui le fait, que peut-être tu connais de nom s'appelle Microsoft Windows [rires]. Quand l'utilisateur de Windows, et je dis pas toi, car tu n'utiliserais [pas] un tel programme [rires]. Quand l'utilisateur de Windows utilise une fonctionnalités dans les menus pour chercher quelque chose dans ses propres fichiers, Windows envoie un message disant quel mot a été recherché. Une fonctionnalité de surveillance. Mais il y en a une autre. Quand Windows demande une mise à jour, il envoie la liste de tous les programmes intallés dans la machine. Autre fonctionnalité de surveillance. Ce sont les deux fonctionnalités de surveillance connues dans Windows. C'est possible qu'il y en ait d'autres, mais on peut pas être certain. Microsoft n'a jamais annoncé la présence de ces deux fonctionnalités malveillantes. Il fallait de l'investigation pour les trouver, pour les découvrir. Donc peut-être des autres restent à découvrir. Comment savoir ?

<html><a href=“./pub/2007-06-15-stallman/photos/rodolphe-village/Richard-Stallman-140607-03.jpg”><img src=“./pub/2007-06-15-stallman/photos/rodolphe-village/Richard-Stallman-140607-03.jpg” style=“float: right; margin: 10px; border: 2px solid black; height: 200px;” alt=“Richard Stallman”/></a></html>

Mais ce n'est pas seulement Windows qui le fait, parce que Windows MediaPlayer aussi fait de la surveillance. Il rapporte toutes les choses que l'utilisateur regarde. Ce n'est pas uniquement Microsoft qui fait de la surveillance. Beaucoup pensent que Microsoft est mauvais… et que le reste des développeurs sont bons. C'est pas vrai. Par exemple, RealPlayer fait de la surveillance pareil. Et je crois que RealPlayer la faisait le premier. Parce que Microsoft est plus connue pour l'imitation que pour l'invention [rires et applaudissements]. Et beaucoup d'autres programmes privateurs le font.

Mais, il y a des choses pires encore : il y a la fonctionnalité de ne pas fonctionner [rires], de ne pas fonctionner pour toi. Et je ne parle pas des erreurs, ce sont des fonctionnalités délibérées. Par exemple quand le programme te dis : “je ne veux pas te montrer ce fichier, bien que ce soit dans ton ordinateur”, “je ne veux pas te permettre de copier une portion de ce fichier, bien que ce soit dans ton ordinateur”, “je ne veux pas imprimer ce fichier pour toi, parceque je ne t'aime pas !” [rires et applaudissements].

Il s'agit de menottes numériques. C'est à dire la gestion numérique des restrictions ou DRM selon l'acronyme anglais. La fonctionnalité délibérée de ne pas fonctionner pour toi. Windows le fait, MacOS le fait, Windows Vista a été conçu comme une avance dans les menottes numériques. C'est son but ! Nous avons deux campagnes d'action politique contre ces deux problèmes. Nous avons la campagne “defectivebydesign.org”. C'est une campagne de manifestations contre la gestion numérique des restrictions. Et il y a plus de 20 000 membres, mais nous avons besoin de plus encore. Et tu peux t'adhérer dans le site et participer aux manifestations. Nous avons fait des manifestations aux conférences de Microsoft, face aux boutiques Apple, face aux cinémas, parce que les entreprises du ciné font pression en faveur des menottes numériques. Et nous ferons d'autres manifestations. Et aussi il y a la campagne “badvista.org”. Parce que le but de Vista est d'augmenter le pouvoir de Miscrosoft sur ses utilisateurs, de serrer plus fort la chaîne. Et donc, les utilisateurs qui ne sont pas prêts à s'échapper de Windows doivent au moins ne pas adopter Windows Vista. S'ils ne sont pas prêts à améliorer leur cas, ils doivent éviter d'empirer leur cas. Parce que si on empire, les choses vont de pire en pire [silence].

Parce que le but de Vista est d'augmenter le pouvoir de Microsoft sur ses utilisateurs, de serrer plus fort la chaîne. Et donc les utilisateurs qui ne sont pas prêts à s'échapper de Windows doivent au moins ne pas adopter Windows Vista. S'ils ne sont pas prêts à améliorer leur cas, ils doivent éviter d'empirer leur cas. Parce que si on empire les choses vont de pire en pire.

Il y a aussi les fonctionalités malveillantes pour attaquer l'utilisateur, les portes cachées. Un programme privateur qui contient une porte cachée que peut-être tu connais de nom : il s'appelle Microsoft Windows. Quand Windows XP demande une mise à jour, Microsoft connaît plus ou moins l'identité de l'utilisateur et peut lui livrer une mise à jour spécifiquement pour lui. C'est-à-dire que Microsoft a l'opportunité de prendre le contrôle complet de son ordinateur, l'utilisateur n'a pas de … n'a pas de … ah, je ne sais pas le dire en français, ne peut rien faire, ne peut pas résister à part remplacer Windows. C'est la porte cachée connue, parce que nous pouvons déduire sa présence des faits connus. Peut-être il y en a d'autres. Il y a quelques années en Inde ils m'ont dit qu'ils avaient arrêté quelques programmeurs indiens qui travaillaient dans le développement de Windows, les accusant de travailler en même temps pour Al Qaïda introduisant une autre porte cachée que Microsoft ne devait pas connaître. Il paraît que cet essai n'a pas réussi. Mais est-ce qu'il y en avait une autre ? Nous ne pouvons pas vérifier. Mais nous savons que… [Richard s'interrompt : est-ce qu'il y a une manière d'empêcher la répétition de ce problème ? [Une technicienne] Je vais chercher un tournevis… Ce n'est pas mon problème, c'est le problème d'eux !

De toute manière, Microsoft en 1999, quelqu'un a découvert que Microsoft avait introduit une porte cachée pour l'utilisation d'une autre organisation terroriste, même plus violente qu'Al Qaïda : le gouvernement des États-Unis.

(J'ai une idée, non… )

Cette porte cachée a été mise dans un programme de serveur, j'ai oublié le nom. De toute manière c'est le, cet exemple nous démontre qu'il est impossible de faire confiance justement à un programme privateur sans la liberté numéro 1. Ces programmes exigent une foi aveugle de l'utilisateur envers le développeur. Parce que l'utilisateur n'a pas les moyens de faire autrement. Il n'y a jamais de raisons pour lui faire confiance. Donc la foi aveugle c'est la seule manière de l'utiliser. Il y a des programmes privateurs dans lesquels nous avons découvert des fonctionalités malveillantes. Et il y a des programmes privateurs dans lesquels nous n'avons pas encore découvert de fonctionalités malveillantes. Et quelques uns n'en ont pas. Et quelques uns, oui, ont des fonctionalités malveillantes pas encore découvertes. Donc il n'y a jamais la manière d'être certain qu'un programme privateur sans la liberté numéro 1 ne contient pas de fonctionalités malveillantes. Mais il y en a qui n'ont pas de fonctionalités malveillantes bien que nous ne puissions pas être certain desquels. Mais dans ce cas, qu'est ce que nous pouvons dire : même si le dévelopeur n'introduit pas délibéremment des fonctionalités malveillantes, il est humain, il fait des erreurs donc le code de ses programmes contient des erreurs. Et l'utilisateur d'un programme sans la liberté numéro 1 est aussi impuissant face à une erreur accidentelle que face à une fonctionalité malveillante délibérée. Si tu utilises un programme [Richard s'interrompt alors qu'un technicien vient réparer la fixation du micro, puis ajoute à l'attention du technicien] Oui, je ne sais pas, est-ce que ça fonctionne ? Il faut voir, il faut attendre pour savoir. Laisse le tournevis. Merci. Bruits de micro.

L'importance des libertés 1 et 3

Si tu utilises un programme sans la liberté numéro 1, tu es prisonnier de ton logiciel. Nous les dévelopeurs de logiciels libres sommes également humains, nous faisons des erreurs et notre code aussi contient des erreurs. La différence est que quand tu trouves une erreur dans notre code tu as la liberté de la corriger. Tu peux changer n'importe quoi dans notre code qui ne fonctionne pas bien pour toi. Nous ne pouvons pas nous faire nous rendre parfaits. Nous pouvons respecter ta liberté. Et voici toute la différence.

Mais la liberté numéro 1 ne suffit pas. Parce que c'est la liberté d'étudier personnellement et de changer personnellement le code source du programme. Et ça ne suffit pas parce qu'il y a des millions d'utilisateurs qui ne savent pas programmer. Ils ne savent pas pas exercer directement cette liberté. Mais même pour les programmeurs comme moi la liberté numéro 1 ne suffit pas parce qu'il y a trop de logiciels libres, trop pour les étudier tous et être maître de tous les programmes libres qu'on utilise pour faire personnellement tous les changements qu'on peut désirer ; c'est trop de travail pour une personne. Donc la seule manière d'avoir complètement le contrôle de notre computation, c'est de le faire ensemble en coopération. Et pour ça, il faut la liberté numéro 3. La liberté de contribuer à ta communauté, la liberté de diffuser des copies de tes versions modifiées, quand tu veux. Avec cette liberté, une personne peut faire un changement et beaucoup peuvent l'utiliser. Il n'est plus nécessaire que chacun fasse le même changement pour lui-même. Comme ça s'il y a un million d'utilisateurs d'un programme libre qui désirent quelque changement, par chance il y aura quelques milliers d'entre eux qui sauront programmer et un jour quelques-uns feront ce changement et publieront leur version modifiée et tous les millions pourra installer cette version et avoir un changement sans l'avoir écrit personnellement. Comme ça, tous les utilisateurs recoivent les bienfaits des 4 libertés.

Chaque visiteur peut exercer les libertés 0 et 2 : la liberté de faire tourner le programme quand tu veux et de distribuer des copies exactes du programme quand tu veux. Parce que ces deux activités n'exigent pas à programmer. Mais les libertés numéro 1 et 3 obligent à programmer donc chacun peut exercer ces 2 libertés à l amesure de ce qu'il sait programmer. Et ce n'est pas une question binaire parce qu'il est très utile d'apprendre à faire des changements faciles sans apprendre à être programmeur professionnel. Tout comme il est très utile d'apprendre à faire la maintenance facile de ta voiture sans apprendre assez pour être mécanicien professionnel. Donc il y a une petite fraction qui savent bien programmer, davantage qui savent un peu programmer et beaucoup qui ne veulent pas apprendre à programmer. C'est vrai, donc tout le monde ne sait pas exercer ces 2 libertés : 1 et 3. Mais quand les programmeurs font des changements et publient leur version modifiée tout le monde peut les utiliser ou pas comme ils veulent et comme ça tous les utilisateurs recoivent les bienfaits. Et le résultat combiné de toutes ces libertés c'est la démocratie. Parce que un programme libre se développe démocratiquement sous le contrôle de ses utilisateurs. Chacun peut participer aux décisions de ce que fera ce programme dans l'avenir. Soit en écrivant des changements, soit en payant quelqu'un d'autre pour faire des changements et les publier, soit en convaincant le cousin de faire des changements pour lui et les publier ou seulement en choisissant la version à utiliser et à recommander. Tout le monde peut participer dans la décision plus ou moins comme il veut. Et la totalité de toutes ces décisions individuelles fait la décision sociale.

Par contre un programme privateur se développe sous la dictature de son développeur et impose le pouvoir du développeur aux utilisateurs. Donc c'est un système social injuste. Mais supposons qu'il y a seulement mille utilisateurs qui désirent quelques changements dans un programme libre et qu'aucun d'entre eux ne sait programmer. Les utilisateurs peuvent néanmoins utiliser les 4 libertés pour avoir les changements qu'ils désirent. Comment ? Ils peuvent se mettre en contact ou lancer une organisation pour le faire et l'idée est que chacun adhère à l'organisation et doit payer quelque chose, un peu d'argent à l'organisation pour être membre. Et comme ça l'organisation ramassera de l'argent pour payer, pour engager quelqu'un pour faire le changement désiré. Si c'est un changement de taille moyenne, peut-être il coutera 10 000 euros si quelqu'un doit travailler pendant un mois. Donc l'organisation peut dire à chacun “Payez 10 euros pour adhérer”. C'est pas beaucoup mais comme ça l'organisation aura 10 000 euros. Ou peut-être l'organisation peut dire “Payez 20 000 euros” en supposant que seulement la moitié le feront. Mais de toute manière ce n'est pas beaucoup. Et ensuite l'organisation peut parler avec quelque groupe de programmation, posant des questions pour choisir qui employer. Et enfin l'organisation paiera des programmeurs à le faire.

Cet exemple nous démontre que le logiciel libre porte avec lui un marché libre pour tout service. Par contre un programme privateur est presque toujours un monopole parce que seul le développeur possède le code source, lui seul peut faire n'importe quel changement. Un utilisateur qui désire un changement doit prier le développeur : “Oh développeur omnipotent, faites ce changement pour moi”. Des fois le développeur dit aux utilisateurs : “Payez nous pour écouter votre problème” [rires]. Si l'utilisateur le fait, le développeur lui dit : “Merci beaucoup, dans 6 mois il y aura une mise à jour, achetez-la et vous verrez si nous aurons corrigé votre problème et quel problème nouveau nous vous allez offrir”.

[Richard boit son thé puis…] Ah j'ai fait une erreur de grammaire, maintenant je la note mais je continue [rires]… Dans ma honte [rires].

Comme ça nous pouvons voir qu'il n'y a pas moyen de s'échapper du monopole dans le logiciel privateur parce qu'il y a toujours un monopole. Quand il y a un choix de produits, de logiciels privateurs, c'est un choix de monopoles parce que l'utilisateur qui choisit ce programme privateur-ci, tombe après dans ce monopole de support-ci. Mais s'il choisit ce programme privateur là, il tombe dans ce monopole de support là. Donc c'est un choix entre monopoles, pas le chemin pour s'échapper du monopole. Le seul chemin pour éviter le monopole c'est d'éviter le logiciel privateur, de s'échapper vers le monde libre parce que avec le logiciel libre n'importe qui qui possède une copie peut étudier le code source et se faire le maître du code et offrir le support. Donc il y a un marché libre avec de la concurrence. Par conséquent toutes les entreprises, toutes les organisations, tous les organismes qui utilisent du logiciel et apprécient le bon support doivent exiger un logiciel libre pour avoir le bienfait de la concurrence dans le support. Ce paradoxe illustre un principe profond : la liberté beaucoup plus grande qu'avoir le choix entre quelques options fixées. Parce que la liberté c'est d'avoir le contrôle de ta propre vie. Avoir seulement le choix entre des options est beaucoup moins. Et quand quelqu'un veut essayer de démontrer que la liberté ne vaut pas beaucoup, il commence souvent par dire que la liberté c'est la liberté de choisir, c'est à dire il réduit la liberté qui est quelque chose d'assez grand dans le choix entre quelques options, beaucoup plus petites. Donc maintenant il a la tâche de démontrer que cette petite chose ne vaut pas beaucoup. Beaucoup plus facile parce qu'il a déjà oublié une grande partie de la liberté. Avoir le choix entre programmes privateurs c'est pouvoir choisir ton maître. La liberté c'est de ne pas avoir de maître. Et dans l'informatique la liberté veut dire ne pas utiliser de logiciel privateur. Et çà c'est le but du mouvement du logiciel libre. La libération du cyberespace et de tous ses habitants [applaudissements]. Il était impossible de vivre en liberté dans le vieux monde du cyberespace où chaque programme a son seigneur. Donc nous avons construit un nouveau continent dans le cyberespace, c'est à dire le monde libre. Et pour vivre en liberté il faut t'échapper vers le monde libre. Parce que c'est un continent virtuel il y a de la place pour tous. Et parce qu'il n'y a jamais eu de peuples indigènes dans le cyberespace il n'y a pas eu le problème de les déplacer.

Donc je vous invite tous à vous échapper vers le monde libre, à utiliser un système d'exploitation libre comme, par exemple, le système GNU-Linux ou le système BSD, et d'utiliser uniquement les applications libres sur le système pour vivre en liberté. Parce que si tu utilise un programme privateur, ce programme t'a ôté la liberté, t'a privé de la liberté. La seule manière de garder la liberté est de rejeter les programmes privateurs.

Mais comment le faire ? Quand j'ai commencé à vouloir utiliser les ordinateurs en liberté dans l'année…quand j'ai décidé que je voulais le faire, dans l'année 83, c'était impossible parce que tous les systèmes d'exploitation étaient privateurs. Il était impossible d'acheter un ordinateur et de l'utiliser en liberté. Donc quoi faire ? Je ne pensais pas que je pourrais convaincre les gouvernements de changer leur lois ni convaincre les entreprises de changer leurs pratiques. Mais j'ai trouvé un chemin pour arriver à ce but par un travail technique. C'est-à-dire si je développais un programme, un système d'exploitation nouveau, je pourrai le rendre libre moi-même, et comme ça tous les utilisateurs pourraient l'utiliser en liberté. Et moi j'étais développeur de systèmes d'exploitation, c'était mon domaine. Donc je savais le faire, pour au moins essayer. Donc j'ai compris que j'avais été élu par les circonstances pour faire ce travail, c'était mon devoir de citoyen. J'étais conscient d'un programme social grave et croissant et que presque personne ne reconnaissait comme un problème. Et j'avais les capacités nécessaires pour essayer de résoudre ce problème, corriger le problème, et il était assez probable que personne d'autre ne le ferait si ce n'était pas moi. Donc je devais le faire. C'est comme si tu vois quelqu'un en train de se noyer, et tu sais nager et il n'y a personne et ce n'est pas Bush [rires et applaudissements], ni la Sarkome [rires et applaudissements], tu as le devoir de le sauver [rires]. Dans ce cas le travail à faire n'était pas nager (je ne sais pas nager), mais dans ce cas le travail à faire était de développer beaucoup de logiciels, et çà je savais le faire donc j'ai décidé de développer un système d'exploitation libre ou mourir dans l'essai … de la vieillesse … il faut supposer. Parce que à l'époque le mouvement de logiciel libre que j'étais en train de lancer n'avait pas d'ennemis actifs. Beaucoup n'étaient pas d'accord mais ils riaient et c'était tout. Donc l'obstacle n'était pas l'opposition active mais plutôt un tas, une montagne de programmes à écrire pour avoir tout un système d'exploitation et personne ne savait au commencement si un jour nous aurions tout un système d'exploitation libre, même pas moi, je ne savais pas. Mais quand il s'agit de lutter pour la liberté on ne peut pas attendre que la victoire soit évidente pour commencer, parce que comme ça on perd la majorité des opportunités possibles. Donc il faut commencer quand il y a l'opportunité de commencer… et parfois on gagne.

Naissance du projet GNU

Comme j'ai décidé de développer un système d'exploitation libre mais comment ? J'ai choisi de faire un système semblable à Unix parce que Unix était portable et je voulais développer un système portable et j'ai décidé de le faire compatible avec Unix pour que les utilisateurs d'Unix, qui étaient beaucoup, puissent facilement migrer au système nouveau. Donc j'avais besoin d'un nom et j'ai suivi une coutume de ma communauté qui était, quand il y avait besoin de développer un programme semblable à un autre programme, on pouvait lui donner comme nom un acronyme récursif disant que ton programme n'est pas l'autre. Comme par exemple en 75 j'ai développé le premier éditeur de texte EMAX qui était un éditeur de texte extensible et après il y avait plus ou moins 30 imitations, c'est à dire 30 autres programmes du même type et beaucoup s'appelaient quelque chose EMACS, mais il y avait aussi FINE, qui voulait dire “FINE is not EMACS”. Et aussi SINE pour “SINE is not EMACS”. Et il y avait EINE pour “EINE is not EMACS”. Et il y avait MEANS pour “MEANS is not complete EMACS”. Et la version 2 de EINE s'appelait ZWEI pour “ZWEI was EINE initially”. On peut s'amuser beaucoup avec des acronymes récursifs donc j'ai choisi un acronyme récursif pour “QUELQUECHOSE n'est pas UNIX” et donc j'ai choisi le mot GNU, G.N.U., “GNU is not UNIX” ou “GNU n'est pas UNIX”. Et je l'ai choisi parce que dans la langue anglaise c'est le mot le plus chargé d'humour. Parce qu'il s'utilise pour beaucoup de jeux de mots et pourquoi souvent le dictionnaire ce mot se prononce “new” comme “nouveau” et donc chaque fois que tu veux écrire le mot “new” pour “nouveau” tu peux l'écrire “gnu” et c'est un jeu de mot. Peut-être pas très bon mais il y en a beaucoup. Et des fois oui ! il est bon. Dans mon enfance il y avait une chanson amusante basée sur le mot gnu. Donc donner une raison spécifique pour l'utiliser pour quelques programmes ou systèmes je ne pouvais pas le résister. Mais quand il s'agit de notre système d'exploitation il vaut mieux pas suivre les dictionnaires. Si surtout en anglais parce que si quelque part “the GNU system” peut confondre les gens parce que notre système n'est plus nouveau, nous avons travaillé dessus pendant presque 24 ans. Il n'est plus nouveau mais il reste GNU, donc il faut le prononcer GNU, pas gnu et pas linux. Cette erreur est très commune.

GNU/Linux

C'est vraiment décevant parce que, par exemple, hier je suis allé à un congrès qui s'appelait congrès sur le système GNU/LINUX et c'était bon. Mais avec comme symbole un manchot donc je suis entré et j'ai dit au chef du congrès: «J'ai horriblement chaud, le voici l'horrible manchot». Et il m'a promis de mettre un gnou avec le manchot la prochaine fois, donc ce sera bon. Parce que le système qui est connu actuellement, le système qui s'utilise c'est le système GNU que j'ai lancé, dont j'ai lancé le développement en janvier 84, avec comme noyau un programme qui s'appelle LINUX. C'est un des composants importants du système mais ce n'est pas le système entier. Le système entier basiquement est le système GNU et il existe à cause de notre campagne pour la liberté et il ne faut pas l'oublier. Ceux qui appellent le système comme LINUX font une erreur, et c'est dommage. Ils ne reconnaissent pas notre travail et ce n'est pas juste. Mais c'est vrai que la reconnaissance du travail n'est pas la question éthique la plus importante de la vie et dans cette question des noms il y a quelque chose de plus important dans l'enjeu: ta liberté. Parce que le nom LINUX n'était jamais associé avec la liberté comme valeur, mais le nom GNU oui.

Ceux qui appellent le système comme Linux font une erreur et c'est dommage ils ne reconnaissont…ils ne reconnaissent pas notre travail et c'est… ce n'est pas juste. Mais c'est vrai que la reconnaissance du travail n'est pas la question éthique la plus importante de la vie. Et dans cette…cette question des noms il y a quelque chose de plus important dans l'enjeu: la Liberté. Parce que le nom Linux n'était jamais associé avec la Liberté comme valeur, mais le nom GNU oui.

C'est parce que le développeur de Linux n'apprécie pas la liberté et il le dit. Il l'a dit tous les jours et comme ça quand les gens pensent que le système entier il est Linux. Ils pensent que le système vient de la vision du monde de Linus Torvalds. Et qu'est-ce que c'est que sa vision, sa vision, c'est la vision d'un ingénieur. Il apprécie les valeurs pratiques, comme d'avoir des programmes, euh… fiables, euh… commodes, euh… pas chers. Il n'apprécie pas les droits de l'homme, il s'appelle… en anglais, ah je ne sais pas si ce mot se traduit, en anglais il s'appelle “apolitical”. Comment dit-on, apolitique il se dit, merci. Donc il s'appelle apolitique et qu'est-ce que ça veut dire. Cela veut dire qu'il a la posture politique de décider des questions politiques selon les…la commodité pratique du moment. Et je crois que c'est erroné. Mais les gens qui supposent que tout le système d'exploitation existe grâce à lui, ont la tendance de le suivre dans sa vision politique. Et c'est-à-dire, la tendance d'oublier sa propre liberté et celui qui ne fait pas attention à sa propre liberté est en danger de la perdre. Parce que la liberté est souvent menacée.

Pour la garder il faut la défendre, Pour la défendre il faut l'apprécier et pour l'apprécier il faut la connaître … d'abord. Pour savoir ce qui se passe quand les citoyens d'un pays oublient l'importance de sa liberté il suffit de regarder les États-Unis. Où… où nos propres élus nous ont ôté les droits de l'homme fondamentaux en nom de nous protéger de notre ennemi secondaire.

Et ce que avoir lieu en France bientôt. ?? (Est-ce que ? Et c'est ce que??)

Donc il faut d'abord connaître les droits de l'homme. Et dans des autres champs de la vie les droits de l'homme se connaissent, parce qu'il fait… car il y a des siècles que des gens parlent des droits de l'homme, qu'est-ce qu'ils sont et éduquent les autres à apprécier les droits de l'homme. Ce qui ne veut pas dire que les défendre, les préserver est facile mais au moins nous avons une base dans laquelle commencer. Mais dans l'informatique étant un domaine…nouveau dans la vie nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour parler de ce sujet (hum…) des droits de l'homme dans l'informatique.

Et le débat a été toujours dominé par les grandes entreprises les utilisateurs ont commencé à faire de l'informatique avec des logiciels privateurs, ne voyant autour d'eux que le logiciel privateur, et ils supposaient que le logiciel devait être privateur, que c'était normal et qu'il n'y avait pas d'autre manière de le faire.

Donc nous avons devant nous un grand travail d'éducation de montrer aux utilisateurs de l'informatique qu'il y a une autre manière qu'il y a … la possibilité de la liberté. Même dans la communauté des des utilisateurs du système GNU Linux la grande majorité n'ont jamais entendu cette idée, c'est … inouï.

Ils n'ont jamais pensé dans la possibilité qu'ils méritent des libertés dans l'utilisation des logiciels. C'est comme être des serfs qui n'ont jamais pensé être autre vie, qui n'ont jamais entendu mentionner la liberté. Et je crois que l'erreur d'appeler le système Linux contribue à cet oubli de la liberté parce que quand ils pensent que le système est Linux ils suivent les idées de Monsieur Torvalds. Et quand ils voient les articles philosophiques du projet GNU ils se disent ça n'a rien à voir avec moi parce que c'est la philosophie de GNU et moi je suis utilisateur de Linux. Humfff… Quelle ironie!! Humfff…

S'ils savaient que le système qu'ils utilisent est vraiment GNU peut-être ils nous feraient plus d'attention. Et nous aurions la possibilité de les convaincre. Et comme ça nous avons besoin de ton aide. Si tu as le temps tu peux expliquer la philosophie du mouvement du logiciel libre ce que je viens de t'expliquer aux autres. Et c'est une contribution très importante. Mais peut-être un jour tu n'as pas le temps de le faire parce qu'il faut au moins 10 minutes. Donc il y a une autre manière de nous aider dans 1 seconde disons GNU et avant Linux ou écrivons d'abord GNU-trait d'union- avant Linux. Et comme ça tu peux pas expliquer la philosophie parce que il n'y a pas la manière d'expliquer une philosophie dans une seconde mais ce que tu peux faire c'est d'enseigner aux autres que le système qu'ils utilisent ou qu'ils connaissent est vraiment GNU et Linux. Et comme ça plus tard quand ils trouvent un article sur la philosophie du logiciel libre et du projet GNU ils reconnaitront que cet article a quelque chose à voir avec lui. Il n'y a rien de plus efficace que tu pourrais faire dans 1 seconde pour nous aider. Si tu ne fais pas d'autres choses prière de le faire.

Aider le mouvement du Logiciel Libre

Et nous avons besoin d'autres participations, bien sûr, la participation dans le développement des programmes libres, la participation dans le développement des manuels libres pour les logiciels libres, la participation dans l'organisation des utilisateurs politiquement. Il y a en France une organisation, une association des internautes qui a fait des merveilles politiquement qui a fait du logiciel libre une question électorale pour la première fois … dans le monde. Mais ce ne suffisait pas. Donc il reste plus à faire, cette association a besoin de ton aide l'organisation APRIL en a besoin, APRIL promeut le logiciel libre en France et APRIL a besoin de toi.

Aussi il y a la fondation du logiciel libre, si tu veux t'adhérer à la fondation tu peux le faire à travers le site FSF.org ou avec des cartes qu'il y aura à la sortie si tu veux le faire en liquide ou avec la carte de crédit. Parce que nous avons besoin de t.. de ta contribution de l'argent et du travail. Il y a beaucoup de projets qui ont besoin de volontaires par exemple organiser des manifestations dans la campagne Defective by Design . org.

Et … un tas d'autres choses, dans la page gnu.org slash help, tu peux voir une longue liste de suggestions de comment nous aider. Et nous avons même plus besoin de donner aujourd'hui parce que aujourd'hui nous avons quelquechose que nous n'avions pas il y a vingt ans, nous avons des ennemis, des ennemis puissants : ces entreprises comme Microsoft et pas seulement Microsoft qui veut nous ôter même la possibilité de servir le public avec du logiciel libre.

Il y a vingt ans la question était si nous serions un jour capable de livrer au public un système libre et complet. Maintenant nous l'avons fait nous avons développé aussi des environnements graphiques libres des suites euh…quand j'entends le mot bureautique je pense toujours dans faire l'amour au bureau … hu hu hu [applaudissement…]. Hu hu,..hu. Humfff. Et… dès lors vous aussi le penserez toujours aussi, huhuhuhuh. [applaudissements]. Hum, et des milliers d'applications libres.

Lois menaçantes pour le Logiciel Libre

Maintenant la question est si le logiciel libre sera interdit. Personne n'a proposé des lois pour directement interdire le logiciel libre mais y'a des lois qui interdisent des programmes libres pour faire des tâches légales. Aux États-Unis il y en a 2, il y a une loi qui était le modèle plus ou moins pour le DADVSI l'inspiration peut-être qui s'appelle le DMCA qui interdit des programmes libres pour accéder aux fichiers cryptés comme par exemple le film dans un DVD. Il y a un programme libre pour le faire il s'apelle DeCSS et la distribution de ce programme aux états-unis est illégale. Donc, aux états-unis un des droits qu'on possède toujours, il y a moins aujourd'hui, mais un droit qu'on possède toujours c'est le droit de, ayant acheté le DVD, de regarder le film. Mais le logiciel libre capable de le faire est illégal, censuré. Et quand il y a un problème aux états-unis le gouvernement des états-unis n'essaie pas de le résoudre le problème mais plutôt de l'imposer de l'étendre au reste du monde. [Applaudissement]

Et le résultat peut se voir dans le DADVSI qui est encore pire qui interdit euh… même la possession d'une copie de ce programme. Comment pouvons-nous servir le public si c'est illégal. Mais un tribunal en Finlande a décidé quelque chose d'intéressant il y a quelques semaines, euh… il a décidé que la distribution de ce programme est légale parce que ce programme est si commun si répandu que le système d'encryption des DVDs n'est plus effectif. Humfff…Donc si cette décision euh… perdure euh… le problème est résolu en Finlande. Mais nous pouvons prévoir euh… d'essayer de changer le résultat par faire un appel pour changer la loi… qui sait ?

Mais les grandes entreprises médiatiques ont beaucoup de ressources pour essayer de changer les résultats qu'ils n'aiment pas. Aux États Unis, il y a une deuxième loi capable de faire interdire un logiciel libre. C'est la loi des brevets. Par ce que aux états unis, n'importe quelle idée technique peut être brevetée. Y compris les idées de l'informatique. Nous appelons ces brevets les brevets informatiques, ou les brevets sur les idées pour le logiciel. Il ne s'agit pas de breveter un programme, chaque brevet n'est pas basé sur un programme spécifique. C'est un monopole imposé sur l'implémentation ou la pratique d'une idée. Et le brevet décris l'idée brevetée interdite.

Chaque grand programme combine des milliers d'idées. Dans un pays idiot qui autorise les brevets informatiques, il y a donc un danger dans chaque idée implémentée dans le programme : le danger que cette idée soit brevetée. Donc avec chaque décision technique, il y a le risque de marcher sur un brevet qui explose et qui détruit le projet. Et ce danger s'applique à tout les développeurs de logiciels. N'importe quel développeur de programme peut avoir un procès pour avoir implémenté l'idée brevetée. Et quand il y a tant d'idées dans un seul grand programme, c'est à dire qu'il y a beaucoup de risques différents pour développer un seul programme, c'est un système idiot. C'est pour cette raison que je dis les pays idiots qui autorisent les brevets informatiques. Et les grandes entreprises globales désirent les brevets, par ce que la moitié des brevets mondialement appartiennent aux grandes entreprises. Chaque grande entreprises possède des milliers de brevets dans son domaine, et les grandes entreprises font des licences croisées entre elles et donc le reste sont les victimes. Mais parfois les grandes entreprises aussi sont les victimes. J'ai lu il y a quelques semaines qu'il y a une entreprise qui cherche des idées pour la correction des problèmes de sécurité informatique pour les breveter. C'est vrai. Cette entreprise veut breveter les manières de corriger les problèmes de sécurité pour faire du chantage avec. Mais les grandes entreprises et leur gouvernement domestique à Washington cherchent à imposer les brevets informatiques partout dans le monde, y compris dans l'union européenne. Donc il y avait plusieurs essais, et il y a 2 ans, nous avons vaincu un essai, et maintenant on prépare un autre.

Il y a une organisation qui s'appelle la FFII qui a fait beaucoup de travail pour vaincre plusieurs essais. Et donc il faut faire attention et y participer pour vaincre le prochain essai. Et un jour si nous travaillons fort, peut être je verrai le jour quand les utilisateurs des ordinateurs, les habitants du cyber espace sont libres. Donc maintenant, des questions ? Quelle heure est-il ? Oui des questions. Il faut parler fort, je suis dur d'oreille et je suis étranger.

Questions du public

Google

Questionneur : vous n'avez pas parlé de google. Google qui fait du logiciel libre, qui subventionne le logiciel libre avec le summer of code. RMS : Oui Questionneur : mais est ce que vous pensez que Google peut devenir une menace pour le logiciel libre ? RMS : quand une entreprise est grande et fait beaucoup de choses, je préfère juger chaque chose séparément. Google subventionne le développement du logiciel libre, c'est utile, c'est une contribution. Google exécute beaucoup de programmes dans ses serveurs, et ce n'est ni bon ni mauvais. On a le droit de le faire. Donc google utilise beaucoup de logiciels libres, et fait des changements privés. Mais on a le droit de le faire. On a le droit de faire des changements et les utiliser, on a aussi la liberté de publier les versions modifiées, mais ce n'est pas une obligation, c'est une liberté. On peut exercer la liberté n°1 et pas la liberté n°3. C'est légitime. C'est la faute d'une contribution mais ce n'est pas injuste. Par ce que cette conduite n'impose pas aux autres la faute de liberté. Mais google fait aussi des mauvaises choses, comme par exemple la distribution des logiciels privateurs. Il y a le client de Google Earth qui est privateur. Je leur ai demandé pourquoi, ils m'ont dit que c'était pour restreindre l'accès aux données, c'est à dire pour les DRM, les menottes numériques. Et aussi Google fait des choses qui sont mauvaises pour des autres raisons, par ce que le logiciel privateur n'est pas l'unique conduite pas éthique dans le monde. Il y a d'autres problèmes, d'autres raisons pour quoi quelque chose peut être immoral. Google fait beaucoup de surveillance des utilisateurs, et aux états unis, selon la loi, la police nationale peut recueillir presque toutes les données que les entreprises maintiennent sur les individus sans même passer par un tribunal. Si peu les états unis ne respectent le droit à la vie privée. Donc si Google connait quelque chose, le FBI le connaît aussi. Et comme ça il faut reconnaître que toutes les entreprises qui gardent des données aux états unis le font pour l'état. C'est la surveillance pour l'état également. Donc il faut faire plus de choses pour nous défendre contre la surveillance des sites web. Et moi je ne fais presque jamais du commerce électronique. Seulement pour acheter les billets d'avion et pour louer une voiture ou pour un hôtel, par ce que eux ils exigent de savoir mon nom de toute manière. Mais pour acheter les choses, je les achètes avec du liquide sans dire qui je suis.

Droit d'auteur attribué aux employés

Questionneuse : [inaudible] RMS : Euh, je ne comprend pas la question. [rires] Je n'ai pas entendu tous les mots, mais peut-être, peut-être je sais ce que c'est la question. Si l'entreprise veut faire des changements dans un programme libre, si l'entreprise veut faire des changements privés dans un programme libre, je crois que c'est légitime. Mais l'entreprise ne le fait pas, ce sont les employés qui le font. Et je crois que c'est légitime. Et je dirais que cette copie n'est pas la copie de l'employé mais la copie de l'entreprise. C'est l'entreprise qui a les 4 libertés qui pourrait la publier mais qui n'est pas obligé de le publier. Mais je ne suis pas certain que c'est la question, est-ce que c'était la question ? Questionneuse : [inaudible] RMS : Orienter quoi ? Je n'entend pas ! Organisateur : Micro, micro. Organisatrice : Mais elle a pas voulu ! [rires] Questionneuse : Ça marche. Est-ce que les SSII qui font du blé sur le logiciels libre ne pourraient pas reconnaître un droit d'auteur. Comme … RMS : je ne comprend ce que ça veut dire, reconnaître un droit d'auteur ? Qu'est ce que ça veut dire ? Concrètement ? Questionneuse : Par exemple les gens qui écrivent des articles dans les journaux ils signent avec leur nom et leur droit d'auteur est reconnu par leur convention collective, alors que nous en informatique on a la pire des conventions collective, la SYNTEC, qui ne reconnaît pas le droit d'auteur individuel des développeurs. RMS : Et qu'est ce que ça voudrait dire concrètement ? Par ce que reconnaître ou pas un droit d'auteur ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresserait ce serait le résultat en fonction des libertés de toutes les parties dans la question. Qu'est ce que c'est que le résultat concret que vous désirez ? Questionneuse : C'est à dire que quand je développe un logiciel dans une SSII pour un client RMS : SSII c'est quoi ? Questionneuse : société de service en logiciel libre, il y en beaucoup maintenant en France, et la plupart ne reconnaissent pas le droit individuel … RMS : Mais pourquoi ? Qu'est ce que vous désirez CONCRÈTEMENT ? Questionneuse : Concrètement, que quand je développe un logiciel dans ces entreprises, mon nom soit collé au logiciel et que ce soit sous GPL, ce qui n'est pas toujours le cas. Moi j'ai travaillé… RMS : Aaaah, deux choses. Que votre nom soit mentionné dans le programme, je serais d'accord, mais je suppose que les employés peuvent l'exiger par ce que une telle société a besoin des bons employés, mais l'autre chose, que ce soit sous la GPL, si c'est un changement dans un programme sous la GPL, et si l'entreprise distribue sa version modifiée, il doit être sous la GPL. Si il n'est pas sous la GPL, l'entreprise a violé le droit d'auteur du développeur original qui peut faire un procès qui que ce soit qui ait mis son nom sur le programme, si il est distribué sans la GPL, c'est illégal. Mais peut être, vous voulez dire un autre cas. Questionneuse : Bah euh dans les développements de sites web, on utilise beaucoup de logiciels libres pour produire un soft qui n'est pas forcément dépendant, mais on utilise des logiciels libres, et le résultat est pas forcément publié sous … RMS : Ah oui, c'est légitime. Mais des fois, il est bon de publier les changements si les changements sont utiles généralement, donc les publier c'est une contribution à la communauté. mais je pense que ce sont les employés qui doivent exiger cette pratique de l'entreprise. Questionneuse : c'est facile à exiger quand c'est en faveur des… quand le marché est en notre faveur, et euh … RMS : Je n'entend pas les mots Questionneuse : quand le marché est en la faveur des développeurs ça va bien, quand c'est dans l'autre sens ça va mal… RMS : De toute manière, il y a une licence, la GPL Affero, qui est conçue pour exiger que les versions modifiées qu'on utilise dans un serveur public soient disponibles dans le code source au public. Donc c'est une autre manière qui s'utilisera.

GPLv2 et GPLv3

Questionneur : [inaudible] Organisatrice : Hey, hey, hey, c'est un micro long RMS : Il voulait savoir la différence entre la GPL version 2 et version 3. Il y a beaucoup de différences, mais l'idée est pareille. L'idée est de protéger les 4 libertés pour chaque utilisateur d'une copie. Mais il y a beaucoup de détails qu'il faut changer pour répondre aux changements du contexte, aux problèmes nouveaux que nous ne connaissions pas il y a 15 ans, 16 ans maintenant.

Pour aussi des améliorations comme par exemple la compatibilité avec la licence Apache, qui n'existait pas en 91. Mais maintenant elle existe, et la compatibilité est utile. Et aussi un processus de détermination plus doux, et aussi par exemple permettre l'utilisation de BitTorrent des copies. C'est interdit selon la GPL version 2 par ce que BitTorrent fait des choses un peu bizarres qu'il y a 16 ans personne ne prévoyait, donc nous ne pouvions pas développer la licence de manière à permettre l'utilisation de BitTorrent. Mais évidemment, c'est bon de pouvoir utiliser légalement BitTorrent avec le logiciel libre, donc nous avons fait les changements pour le permettre.

Il faut aussi répondre aux dangers nouveaux, comme par exemple le danger de tiVoïsation. Qu'est ce que ça veut dire la tiVoïsation ? C'est la pratique de développer une machine, de vendre un produit qui est un ordinateur avec du logiciel libre de manière que l'utilisateur pratiquement ne puisse pas le changer, et pourquoi ? Par ce que la machine détecte les versions modifiées et, euh… Comment dit-on ?.. S'arrête automatiquement. Donc l'utilisateur peut obtenir le code source du programme si c'est un programme sous la GPL, et il peut changer le programme, il peut compiler sa version, il peut mettre le binaire de sa version dans le produit, et le produit ne fonctionne point. Par ce que les circuits détectent que le logiciel a été modifié et s'arrête. Ça c'est la tiVoïsation. Donc nous avons interdit la tiVoïsation dans les produits destinés à l'utilisation des individus.

Aussi nous avions fait quelque chose de nouveau pour résister au danger des brevets informatiques, et peut être tué par un brevet dans les mains d'un inconnu. Et la licence du programme ne peut rien faire contre ce danger. Mais pour le logiciel libre il y a un autre danger encore pire, qui est le danger d'un sort pire que la mort : d'être rendu effectivement privateur. Et nous pouvons résister cette sort par dire dans la licence que le programme meurt quand il est menacé d'un sort pire que la mort. Et c'est très important, par ce que des fois un détenteur d'un brevet veut tuer un programme libre. Mais s'il pouvait .. euh … exprimer de l'argent des utilisateurs du programme libre, ce serait plus attractif. Donc si nous pouvons bloquer la possibilité d'extraire de l'argent avec le brevet, peut être le détenteur ne nous attaque pas par ce qu'il ne gagne pas en nous attaquant. Aussi Microsoft peut-être voudrait détruire des programmes libres avec ses brevets mais il a des clients qui sont aussi des grandes entreprises qui ne l'aimeraient pas parce qu'ils utilisent le système GNU-Linux et d'autres logiciels libres, donc Microsoft cherche à … comment dit-on “to squeeze something to get out fluid” ? [presser, presser…] Presser ? Donc Microsoft cherche à presser l'argent des utilisateurs de GNU-Linux comme par exemple dans l'accord qu'il a fait avec Novell. Mais nous avons développer la manière de renverser cet accord de manière que il nous protège de Microsoft et nous l'avons mis dans la version 3 mais l'idée générale n'a pas changé et ne changera jamais : c'est de garantir que les utilisateurs possèdent les 4 libertés [applaudissements]

Flicage

Questionneur : Bonsoir, moi je suis venu parce que je ne suis pas un technicien et apparement il y a beaucoup, énormément de techniciens dans la salle, et donc je suis entouré par des systèmes informatiques, à chaque fois que j'utilise ma carte bleue, je suis repéré, fliqué, et j'ai l'impression de vivre en 1984 donc je vois qu'il y a une pression politique, sociale et policière dans l'informatique. je ne connais rien à l'informatique mais j'aime ma liberté alors en tant que société civile ou très très faible membre de la société civile comment peut-on se défendre contre la matraque ou contre la police qui devient de plus en plus ou beaucoup trop oppressante

RMS : Une chose à faire c'est de ne pas acheter des choses avec la carte de crédit [rires] acheter des choses avec du liquide. Autre chose est organiser politiquement, c'est difficile, je comprends, on voit la grande défaite d'avoir élu le sarcome [rires]

Questionneur : oui mais d'autre part tout est fait pour que on soit de plus en plus isolé.

RMS Je n'ai pas de recette magique Questionneur : c'est vrai

RMS : je fais ce que je peux. Dans un domaine de la vie j'ai fait des avances dans la liberté mais ça n'implique pas que je sais faire vaincre la liberté dans tous les domaines de la vie. Je voudrais bien savoir !

Questionneur : Ben merci d'essayer déjà !

Le matériel et le Logiciel Libre

Questionneur : Bonjour, vous vous êtes beaucoup battu en fait pour votre liberté, vous avez commencé à appliquer cette liberté au niveau du logiciel maintenant vous vous battez pour cette liberté au niveau juridique, au niveau des licenses et pour revoir [?] le logiciel libre mais je me demandais maintenant est-ce que votre prochain combat ce ne serait pas au niveau du matériel parce que…

RMS (l'interrompant) : Je ne comprends pas ce que ça veut dire ?

Questionneur : Les fondeurs comme ATI, NVidia

RMS (l'interrompant à nouveau) : Ah ! Je peux répondre maintenant parce que je comprends ce que c'est

Questionneur (en riant) Bon alors je finis pas ma question

RMS : Mais c'est une autre question ; il ne s'agit pas d'étendre les mêmes libertés au matériel parce que c'est nul, il n'y a pas de copieuses pour le matériel, donc la liberté de copier le matériel n'a pas de sens mais la question qui, oui, a du sens c'est savoir utiliser le matériel pour pouvoir écrire du logiciel libre, pour le faire, et il y a du matériel dans les ordinateurs dont les interfaces sont secrètes et quand l'interface d'un dispositif est secrète comment pourrions-nous écrire le logiciel libre pour l'utiliser ? C'est presque impossible. Il faut l'ingénie inverse [brouhaha et rires suite à l'hésitation de RMS, la salle lui souffle “reverse engineering”] De toute manière c'est difficile mais c'est la seule manière de faire le travail donc ce que nous devons faire c'est organiser pour faire la pression sur les entreprises, sur les fabricants de publier les spécifications de leur produits parce que moi je trouve que c'est insupportable offrir de nous vendre un produit et refuser de nous dire comment l'utiliser mais il paraît que ATI est en train de changer de politique parce que AMD a acheté ATI et récemment ils ont dit qu'ils vont supporter le logiciel libre. Je ne connais pas les détails mais peut-être c'est bon. Mais le problème est plus général, pas seulement dans les cartes graphiques mais dans beaucoup de sous-domaines des dispositifs physiques et donc nous avons peut-être gagner une bataille mais pas la guerre.

Questionneur : Merci.

RMS : Et pour organiser cette guerre, dans le site fsf.org, nous avons des pages de ressources matérielles selon les champs qui donnent la liste des produits qui supportent bien le logiciel libre donc comme ça vous pouvez acheter les produits qui fonctionnent bien avec le logiciel libre.

Sun, Java et le Logiciel Libre

RMS : Autre question ?

Questionneur : Bonsoir … Je voulais … On m'entend ?

RMS : Non, il faut prononcer plus articulément toutes les consonnes [rires] parce que mon problème d'audition est de reconnaître les consonnes dans les conditions imparfaites. C'est dommage mais je ne peux rien faire.

Questionneur : Ma question c'est qu'est-ce que vous pensez de la position de Sun avec Java et OpenOffice, est-ce qu'ils œuvrent…

RMS : C'est bon oui ; ils sont libres maintenant mais Java pas complètement parce que il y avait des libariries de Java qui n'étaient pas développées par Sun et Sun n'est pas autorisé à les libérer donc il faut les remplacer et je crois que Sun participera dans ce projet de remplacement de ces librairies. C'est un projet donc qu'il faut faire et les programmeurs qui aiment le langage Java peuvent participer dans ce projet de terminer la libération de Java.

GPLv2 et plus

Questionneur : Bonsoir, quand on développe un logiciel sous la license GPL on dit en tête de code que c'est la dernière version qui s'applique et ma question c'est…

RMS (l'interrompant) : Euh non, pas vraiment, on peut dire “la version 2”, on peut dire “la version 2 ou autre version postérieure” et c'est ce que nous suggérons de dire “version 2 ou plus grand”

Questionneur : Dans ce cas-là ça veut dire que c'est la dernière version qui sera la bonne ?

RMS Non. Après la publication officielle de la version 3 chaque utilisateur aura le choix de suivre la version 2 ou la version 3. Si le programme dit “version 2 ou plus grand”

Questionneur : D'accord donc c'est l'utilisateur qui choisit la license

RMS : Oui, et donc l'option de suivre la version 2 existera pour toujours parce que nous ne pouvons pas retirer l'autorisation déjà donnée.

Questionneur : Merci.

RMS : une autorisation qui pourrait être retirée n'est pas vraiment une liberté. Il doit être comme ça [it must be so]. Je crois deux questions en plus parce que c'est tard.

EFF reçoit des fonds de Novell pour la bataille contre les brevets logiciels

Questionneuse : Excusez-moi, bonsoir, j'avais une question à vous poser concernant l'annonce récente du soutien de Novell au combat de l'EFF

RMS : Au combat de quoi ?

Questionneuse : Novell a annoncé qu'ils allait donner des fonds à l'Electronic Frontier Foundation pour

RMS (l'interrompant) : C'est bon ! [rires] L'EFF ne se bat pas pour le logiciel libre mais elle se bat pour d'autres causes importantes

Questionneuse : Mais dans leur annonce ils ont souhaité donc se battre pour modifier les législations brevets dans le domaine du brevet logiciel dans le monde entier

RMS (l'interrompant à nouveau) : Ah c'est bon ! Je ne savais pas mais c'est très bon, c'est une bonne nouvelle

Questionneuse Je voulais savoir si c'était dans le sens de la FSF ou pas pour vous

RMS : Oui, oui, oui, je ne savais pas. Mais j'ai lutté contre les brevets informatiques pendant 17 ans et je suis content de voir des autres qui participent dans cette lutte. Peut-être l'exemple de l'entreprise qui cherche à breveter les corrections des problèmes de sécurité peut faire penser, peut encourager les gens à penser plus clairement à ce sujet. Autre question ?

Le noyau du projet GNU

Questionneur : J'avais une question. Sans revenir sur la polémique que vous lanciez tout à l'heure sur Linus, moi si j'ai bien suivi la chronologie, vous avez dit que vous avez lancé l'idée de GNU en 84

RMS : L'idée en 83 mais j'ai commencé le travail de développement en 84

Questionneur : Et comment se fait-il que au moment où Linus Torvald a ressenti le besoin d'avoir un noyau, en 91, pourquoi le noyau n'avait toujours pas été développé et pourquoi ça n'avait pas été une priorité ?

RMS : Parce que il y a … D'abord le noyau est un des grands composants d'un système d'exploitation. En 84 j'avais beaucoup de grands composants à faire et en principe on pourrait les faire dans n'importe quel ordre donc je cherchais la manière de réduire le travail. Je cherchais pour tous les grands composants quelque chose pour commencer avec, pour réduire le travail à faire parce que c'était un travail si grand que personne n'était certain de terminer, donc avec le noyau aussi je cherchais quelque chose qui était libre et peut-être pas utilisable mais qui pourrait être le commencement.

Et enfin j'ai trouvé quelque chose. J'ai trouvé le noyau Mach qu'on appelle parfois un micro-noyau parce que il n'offre pas les services du noyau d'Unix mais des services plus basiques et généraux sur lesquels il faut développer le remplacement compatible pour Unix ou n'importe quoi. Donc notre travail devrait être de développer la moitié supérieure du noyau parce que nous avions déjà la moitié inférieure donc je pensais moins de travail. Et aussi étant donné Mach comme plate-forme de base nous pourrions développer notre moitié supérieure dans un système de partage de temps et déboguer chaque programme avec le débogueur symbolique normal beaucoup plus facile je pensais. Donc je pensais que avec cette conception nous pourrions avoir un noyau utilisable dans peu de temps et donc j'ai commencé ce projet, j'ai employé quelqu'un pour faire ce projet en 1995…je ne sais pas pourquoi, mais il y avait beaucoup de problèmes dans ce projet et… il paraît qu'il y a des problèmes fondamentaux dans cette conception.

De toutes manières c'est un peu triste mais ce n'est pas tragique parce que Linux existe, donc nous avons un noyau libre plus ou moins. Je dis “plus ou moins” parce qu'une des choses que Monsieur Torvalds a fait, il a accepté l'introduction des programmes privateurs dans le code de linux. Ces programmes ne tournent pas sur l'ordinateur central, ils tournent sur des ordinateurs dans le dispositif : ils s'appellent “firmware”, mais ce veut dire ils sont des programmes pas pour l'ordinateur central mais plutôt pour des autres ordinateurs dans le dispositif, mais ils sont néanmoins programmes et ils ne sont pas libres, on les trouves comme des… vecteurs de… nombres, des vecteurs de constants, des milliers de nombres et ce n'est pas du code source, c'est du code binaire déguisé en code source et donc c'est un problème.

La distribution gNewSense a supprimé tous ces “firmwares blobs” et donc la version de linux qui se trouve dans gNewSense est libre. Les effets de l'oubli de la liberté comme but peuvent se voir partout dans notre communauté. Il y a des centaines de distributions du système Gnu&Linux et presque toutes ne sont pas libres parce qu'ils contiennent des programmes pas libres. Il y a 5 ans, il n'y avait pas même une distribution libre et quand les gens demandaient à la fin d'une conférence : « où est-ce que je pourrai trouver une copie de ce système ? » je devais répondre : « je ne sais aucun lieu que je pourrais recommander » parce que toutes les distributions contenaient des programmes privateurs. Maintenant, je connais 3 distributions conçues pour l'installation qui sont libres, qui ne contiennent pas de programmes privateurs. Il y a UTuto, il y a Blag, “B”, “L”, “A”, “G”, qui veut dire “Blag Linux And Gnu” [rires] et il y a gNewSense, “G”, “N”, “E”, “W”, “S”, “E”, “N”, “S”, “E”, gNewSense , qui veut dire aussi “nuisance” avec un “g”… qui sont les distributions libres, mais elles ne sont pas les distributions que vous connaissez, c'est parce que les distributions… avec beaucoup de succès contiennent des programmes privateurs. C'est vraiment faible. Et qu'est-ce qu'il faut faire ? il faut éduquer les gens à apprécier la liberté.

Fin

Donc pour terminer, je présente mon autre identité. [Richard passe sa tenue de Saint Ignucius…] [rires…applaudissements]

Je suis le Saint Ignucius [rires…applaudissements] de l'Église d'Emacs, je bénis ton ordinateur mon fils. [rires…applaudissements]

Donc, il n'y a plus de temps…il y a des autocollants disponibles..où est-il qui tient les autocollants ? montre-toi aux gens… Il y a des choses à vendre aussi pour financer la FSF : il y a des pin's assez élégants et des porte-clés à vendre, 10 euros un pin's, 15 euros un porte-clés et les autocollants sont gratuits et… merci beaucoup…il y a aussi les cartes pour s'adhérer à la FSF. Il y a aussi une FSF d'europe avec le site fsfseurope.org et vous pouvez vous adhérer aussi à la FSF europe à travers le site.

Merci beaucoup

[applaudissements]

je suis athée ! et merci !